En dépit de la gravité de ce sujet, la galerie de portraits réalisée par Pierre et Gilles est tour à tour ludique et inquiétante, avec des références au sacré et aux icônes religieuses. Les personnages qu’ils créent, qu’ils soient inconnus ou célèbres comme Fanny Ardant et Tahar Rahim, sont mis en scène dans des situations complexes et deviennent des archétypes, tels que des jeunes Apollons entourés de flamands roses, un clochard au grand cœur, un dealer repenti, un mendiant angélique ou des marins nostalgiques.
De manière subtile, Pierre et Gilles évoquent des débats actuels, tels que l’identité sexuelle, l’exclusion sociale, la dépénalisation des drogues douces, la tolérance religieuse et la pollution des océans. Leur art ambigu, entre peinture et photographie, illusion et réalisme, véhicule un message de tolérance dans une époque où les conflits et les inégalités sont monnaie courante.
Depuis 1976, Pierre et Gilles travaillent ensemble et leur œuvre a été célébrée à travers de nombreuses expositions institutionnelles, notamment une rétrospective à la Maison européenne de la photographie en 1996, au New Museum de New York en 2000, au Museum of Contemporary Art de Shanghai en 2005 et au Jeu de Paume à Paris en 2007.
En 2017, une vaste rétrospective intitulée « Clair-obscur » a été présentée au Musée d’Ixelles (Bruxelles) puis au MuMa du Havre. En 2018, ils ont exposé au K Museum of Contemporary Art de Seoul, et en 2019, deux expositions majeures ont été organisées : « La Fabrique des idoles » à la Cité de la Musique-Philharmonie de Paris et « Le goût du cinéma » au Centre d’art La Malmaison de Cannes, qui ont toutes deux rencontré un succès public et critique spectaculaire. En 2022, leur travail a été exposé au Spritmuseum de Stockholm sous le titre « Troubled Waters ».
